Entrée du Christ à
Jérusalem.
Les dernières semaines de la vie publique
du Christ sont sous-tendues par la volonté de Notre Seigneur de monter à
Jérusalem. Ses disciples veulent l'en dissuader car les autorités religieuses
de Jérusalem cherchent à l'éliminer. Jésus tentera à plusieurs reprises, mais
en vain semble-t-il, de leur expliquer cette nécessité. Ces dernières semaines
vont s'articuler autour d'actes très forts, tant symboliquement que
politiquement, que Notre Seigneur va poser. Il s'agit de l'Onction de Béthanie,
de la résurrection de Lazare et de l'entrée à Jérusalem. Si nous voulons
comprendre un peu ce qui va se passer dans les jours qui vont suivre l'entrée
triomphale de Jésus, nous ne pouvons pas dissocier ces trois temps forts.
Pour nous, chrétiens modernes du XXIe
siècle, la fête des rameaux s’éclaire par la passion la crucifixion et la
résurrection de Notre Seigneur. Il s'agit d'une entrée festive que la revue
« Le Pèlerin » du 21 mars 2013 définit comme « une joyeuse pagaille improvisée, un ânon réquisitionné, une foule
manipulable à souhait, composé de braillards illuminés agitant des palmes
cueillies en urgence, une voie faite de manteaux et de tissus bigarrés et des
disciples qui marchent en arrière de
leur héros ». Oui le seigneur est accueilli par une foule immense, entouré des 12 apôtres et certainement
des 120 disciples qui l'accompagnent habituellement. Nous savons que la foule est
versatile et que lors du procès de Jésus personne ne viendra le défendre ou le
soutenir, à l'exception de Jean qui restera muet et de Pierre qui le reniera.
Dans nos homélies, nous répétons qu'il n'est pas seulement le roi d'Israël,
mais le Roi de toute la création qui vient combattre la mort, verser son sang,
et par là même racheter nos péchés. Nous rappelons également que nous sommes
comme cette foule, où les enfants acclament le Christ, où les femmes et les
hommes mettent leurs manteaux par terre pendant que complotent les « princes
du peuple ». Nous sommes tous, nous pauvres mortels, aussi enthousiastes et
exaltés que cette foule, mais aussi trop
souvent versatiles. Comme les juifs de Jérusalem nous suivons bien souvent le Seigneur
par intérêt. Mais peut-être cela vaut-il la peine de le suivre, même si notre
motivation n’est pas claire. Mais qu'en est-il pour les judéens de cette époque, « n’ayant pas connaissance de la
suite des événements ». Quel est leur attente ? Pour répondre à ces
questions il est nécessaire de retourner aux deux moments forts qui ont précédé
cette entrée glorieuse. Tout d'abord l’onction que fit Marie-Madeleine sur
Notre Seigneur en sa maison de Béthanie, en présence des disciples et des
judéens qui suivaient, de façon plus ou moins attentive, le Christ. Elle versa
sur la tête de Jésus une huile parfumée fort chère, un parfum de nard, et
essuya, de sa chevelure, les pieds du Seigneur couverts d’huile. Avec le recul,
nous y voyons une anticipation de l'onction funèbre du corps de Notre Seigneur
Jésus-Christ au sépulcre.
Mais pour les juifs de l’époque, cela
renvoyait clairement à deux actes très importants de l'histoire d'Israël :
L’onction que fit Moïse, à la demande
du Seigneur, sur Aaron et ses fils qui étaient
de la tribu de Lévy tout comme Moïse. Cette onction sacerdotale est
relatée dans « exode 30,22 ».
Mais également l'onction effectuée
par le prophète Samuel qui verse l’Huile sanctifiée sur la tête de Saül, là
aussi à la demande du Seigneur, afin de le désigner comme roi d'Israël. Samuel le fit également sur la tête de l'enfant David
(1 Sam 10,1 et 16,12-13)
Marie-Madeleine s'inscrit donc, par
cet acte, dans la lignée prophétique d'Israël, et désigne par là même le Christ
comme Roi et Grand Prêtre à la face de la population juive.
Cette onction fut précédée par la
résurrection de Lazare en présence de nombreuses personnes de la région de
Jérusalem. Pour eux le Christ révèle sa puissance, il est bien Roi, Prêtre et Prophète.
La foule qui l'accueille à l'entrée de Jérusalem attend que Notre Seigneur se conduise comme le nouveau grand chef d'Israël, détrône la classe sacerdotale
et chasse les Romains. Or que fait-il ? Il se dirige vers le temple pour y
prier, y prêcher, et demande à ses apôtres de préparer la Pâque ! Quelle
déception pour le peuple qui attendait un nouveau David !
Alors « soyons comme des enfants qui courent
à la rencontre de leur Roi sans arrière pensée »
À lui soient le Règne, la Puissance et la Gloire aux siècles des siècles.
Père Jean Moïse.