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Réflexions liturgiques et théologiques

mardi 30 octobre 2012


Les hypothèses  de Claude Tresmontant.
Selon les hypothèses de cet auteur,  présentées dans son livre «  le Christ hébreu », l'évangile de Marc fut écrit vers 40/60. Pour cet auteur les quatre évangiles et l'apocalypse furent rédigés en hébreu avant l'incendie de Rome par Néron, et contrairement à l'opinion la plus répandue, l'évangile de Luc est le moins grec des quatre et le plus évidemment hébreu, sauf la première phrase.
                Claude Tresmontant écrit que si nous ne disposions pas de la Sainte Bible hébraïque, écrite en langue originale, « et si tous les textes hébreux étaient perdus, s'il ne restait que la traduction grecque que nous appelons la septante ou les septante, il se trouverait certainement aujourd'hui des savants pour soutenir mordicus que cette traduction grecque des Septante n'est pas une traduction et que la Bible a été écrite directement en grec. D'ailleurs l'hypothèse n'est pas dans l'air, puisqu'il existe quelques livres qui ne nous sont conservés qu’en traduction grecque, et dont l'original hébreu est perdu. On voit très évidemment en les lisant que ce sont des traductions faites à partir d'un texte original hébreu. Il se trouve des savants qui soutiennent mordicus que ce sont des compositions originales faites en langue grecque, jusqu'au jour, comme cela s'est vu, où l'on découvre enfin l'original hébreu du livre en question.
Pour les quatre évangiles, il en va de même. Comme nous ne possédons plus, à cette heure, les documents hébreux originaux qui ont été traduits en langue grecque et qui ont donné les quatre évangiles, il se trouve, depuis plusieurs siècles, des savants qui soutiennent mordicus que ces quatre évangiles ont été écrits directement en langue grecque.
La démonstration du fait que les quatre évangiles-et bien d'autres textes de la bibliothèque de la nouvelle alliance-sont en réalité des traductions faites à partir de textes hébreux sous-jacents, cette démonstration est réalisable si l'on se souvient de ce que les psychologues allemands de la première moitié du XXe siècle appelaient la Gestalt théorie. Ce n'est pas en prenant les éléments, c'est-à-dire le vocabulaire, les mots, que l'on peut faire cette démonstration, car il se trouverait toujours un savant, comme par exemple Deissmann, qui découvrira dans telle inscription le mot dont on pensait qu'il était propre à la traduction grecque de textes hébreux. Les traducteurs de la Bible hébraïque en langue grecque n’ont pas inventé des mots grecs. Ils en ont forgés quelques-uns, mais assez rares. Ce qui prouve qu'il y a traduction, ce n'est pas seulement le vocabulaire, c'est la figure ou la forme de la phrase, c'est la structure de la phrase, c'est l'ensemble constitué par le vocabulaire, la structure de la phrase et la signification. Finalement la démonstration conduit à une évidence, si et seulement si l'on parvient avoir cette forme de la phrase ou de la formule qui est la forme de la phrase hébraïque. »
La critique biblique moderne se développa principalement au XIXe siècle en Allemagne sous l'action de philosophes et théologiens, en majorité protestants mais pas tous chrétiens, et influencé par les premiers frémissements de la Gestalt. Comme beaucoup de chrétiens au XIXe siècle, qu’ils soient protestants ou catholiques et même orthodoxes, ils étaient majoritairement antisémites. Nombre d'entre eux estimaient « qu'un juif ne pouvait écrire de telles choses. ». Encore maintenant c'est la conviction de certains fondamentalistes chrétiens aux relents d'antisémitisme viscéral. Ce sont eux qui ont imposé au monde la datation en vigueur encore aujourd'hui, malgré beaucoup de contrevérités. Pour Claude Tresmontant l'Évangile de Matthieu en hébreu se situerait juste après la résurrection de Notre Seigneur ainsi que celui de Jean. Et il donne les fourchettes suivantes : Luc dans les années 40-60, les premières lettres de Paul entre 50 et 52, Marc dans les années 50 60 et l'apocalypse autour de l'an 60.
Je vous fais grâce des analyses techniques, s'ils vous intéressent n'hésiter pas à retourner au livre cité en référence, et je vous donne les conclusions de l'auteur :
1.       l'Évangile de Marc est tout entier traduit à partir de textes hébreux.
2.       Mais sa traduction manifeste en plusieurs occasions un effort certain pour éliminer des expressions hébraïques qui étaient décidément trop dures à avaler, si j'ose dire, pour un lecteur issu du paganisme. Nous tenons donc là un indice que l'Evangile de Marc est postérieur à celui de Matthieu.
3.       Nombre de textes de première importance qui se trouvent dans Matthieu sont disparues de Marc. Ce sont des textes très difficiles pour un lecteur d'origine païenne.
4.       Marc, pas plus que Matthieu, Luc ou Jean, ne connaît la prise et de la destruction de Jérusalem et du Temple.
5.       Marc ne connaît pas la mort de Jacques, le frère du Seigneur, évêque de Jérusalem, en l'an 62.
6.       Marc ne connaît pas le massacre des chrétiens par Néron en 64 ou 65 et les persécutions qui ont commencé à partir de cette date.
7.       Marc a supprimé les textes tels que ceux qui concernent le signe de Jonas. On ne peut donc plus affirmer que sa traduction est antérieure au passage de l'heureuse annonce aux païens. Au contraire, les indices précédemment relevés laissent penser que son évangile s'adresse aussi à des frères et des sœurs issues du paganisme. C'est un évangile allégé.
Nous pouvons donc situer la traduction de Marc dans une zone de probabilité qui va des années 40 à 60. C'est à ce résultat que parvient, par d'autres méthodes, beaucoup plus savantes, John A. T. Robinson.
Il est bon de rappeler que Marc est le neveu de Barnabé qui est un juif originaire de Chypre, et fut l'un des premiers convertis, l’un des 12 pour nombre de spécialistes. C'est d'ailleurs lui qui s'est porté garant de la conversion de saint Paul devant les autres apôtres. Il a d'ailleurs accompagné celui-ci avec Marc lors de son premier voyage à Chypre. Puis Paul refuse de prendre Marc pour ses voyages suivants et entraine de ce fait le départ de Barnabé qui retourna chez lui en Chypre. Quant à Marc il se rend à Rome, où il rejoint Pierre avec qui ils convertissent en partie la communauté hébraïque des 12 synagogues qui s'y trouve. Marc est le traducteur de Pierre avec qui il travailla, mais il n'a pas connu notre Seigneur Jésus-Christ, pas plus que Paul et ses partisans, contrairement à Pierre et Barnabé.
L'activité romaine de Marc et de Pierre se déroulait sous le règne de l'empereur Claude, juriste et législateur avisé, habile et généralement tolérant sauf vis-à-vis des religions étrangères. Vers l’an 50 Claude fera expulser les juifs de Rome parce qu'ils ont causé des troubles par leurs disputes au sujet d'un certain Christos. Ce fait fut relaté, entre autres, par l'historien latin Suétone qui n'est d'ailleurs pas tendre pour les chrétiens.
Bonne et Sainte lecture de Saint-Marc.           P. Jean Moïse.

jeudi 18 octobre 2012


En ces temps troublés, et non seulement dans le domaine spirituel, nous constatons qu'un nombre important de personnes pérégrinent d'Eglise en Eglise, ou en sectes, ou encore en fraternités ou en cellules occultes de tout genre. Ces démarches étant grandement facilitées par le recours à l'Internet. Recherchant ce qui leur convient le mieux ; au regard parfois d'un ego exacerbé, mais le plus souvent par une quête tout à fait respectable de vérité. Cependant le risque est grand de passer de positions extrêmes en positions extrêmes, en recherche du sensationnel, dans lesquelles ces « errants » se perdent en perdant souvent leur temps, et très souvent leur argent.
Cela nous rappelle l'état de pauvreté spirituelle de l'empire romain au troisième, quatrième et cinquième siècle, ou une infinité de voies religieuses s’offraient aux chercheurs. Démarche normale pour un jeune, mais il faut savoir s'arrêter ! Nombre de chrétiens, en ces temps là, ont butiné chez les gnostiques, Mithra, Cybèle, Isis, Sol Invictus et j'en passe. Mais, après leur conversion définitive au christianisme, certains feront un véritable chemin spirituel jusqu'à devenir, même pour quelques-uns d'entre-eux, Pères de l'Eglise. À nous de convaincre les « touristes de Dieu » d'en faire autant.
Certains de nos contemporains ne jurent que par l'ésotérisme, alors que d'autres le rejettent systématiquement. Or, le christianisme fut, dès l'origine, ésotérique et initiatique ainsi que l'affirment les premiers auteurs, à commencer par Mathieu et Luc! Mais il fut aussi très rapidement associé à une démarche exotérique, qui est un réel mouvement vers « l'autre ». Notre démarche doit contenir ces deux aspects. L’exotérisme se nourrissant de l'ésotérisme et réciproquement.
Nous ne pouvons  vivre reclus dans notre grotte, notre demeure, en nous contentant de la prière, de la lecture divine, de la méditation et d’une ascèse individualisée. Mais nous ne pouvons pas non plus nous satisfaire d'assister aux offices, aux pèlerinages, aux conférences de toutes sortes ! Nourrissons-nous donc à ces deux sources ! Elles sont comme nos deux jambes pour nous permettre d’avancer sur le chemin spirituel. Certes, on peut avancer à cloche-pied, mais c'est très fatigant, l'on ne va pas bien loin et la chute est souvent fréquente. Intégrons ces deux aspects du christianisme, et enrichissons-nous d'une véritable dialectique spirituelle : ésotérisme, exotérisme, ésotérisme, etc.
Quant à notre attitude vis-à-vis du monde, notre guide Saint-Jean de Saint Denis précise que nous ne pouvons pas nous contenter de « vivre reclus dans nos cellules monastiques, ni au contraire de nous satisfaire d'un activisme social » en se coupant de tout le reste. Notre action dans le monde doit impérativement se nourrir d'une vie liturgique et sacramentelle et d’une ascèse personnelle ; et vice versa. Notre frère le diacre Marc Guichard, en partant du célèbre « rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. », développe dans son article paru dans la revue « le Chemin » (www. centre-bethanie.org) un aspect similaire, et donne le conseil suivant : « le chrétien est en même temps dans la cité terrestre et dans la cité de Dieu ». Certes, le Christ a affirmé qu'il n'était pas de ce monde ; mais Il a assumé le fait qu'il vivait dans ce monde et ce, jusque sur la Croix.
Père Jean Moise.