Bienvenue sur notre blog

Réflexions liturgiques et théologiques

mercredi 20 mars 2013


La Résurrection de Lazare


Saint Jean l'évangéliste est le seul à relater cet événement qui précède de très peu l'entrée triomphale du Christ à Jérusalem. Il est intéressant de noter le contraste entre le style du prologue, texte synthétique et saisissant dans sa brillante et brève formulation, et le récit de la résurrection de Lazare où Jean prend tout son temps, comme s’il nous invitait  à nous y attarder, comme si il y avait là quelque chose qui nous concernait, et que nous avions à approfondir.

Afin d'éclairer ce texte fondamental je vous propose de partager le commentaire que fit Alexander Schmemann, paru en 1961 dans « The Christian Way » 

 « La joie qui imprègne et éclaire l'Office de Lazare met l'accent sur un thème majeur : la prochaine victoire du Christ sur l ‘Hadès. Hadès est le terme biblique pour la mort et sa puissance universelle, pour l’indéniable ténèbre qui engloutit toute vie et empoisonne le monde entier par son ombre. Mais maintenant-avec la résurrection de Lazare-la mort commence à trembler. Un duel décisif entre la Vie et la Mort commence, nous donnant la clé de tout le mystère liturgique de Pâques. Déjà au quatrième siècle, cet office était appelé « annonce de Pâques ». Car en effet, il annonce et anticipe la merveilleuse Lumière et Paix  du Grand Samedi, jour de la Tombe vivifiante.

Lazare, l'ami de Jésus, personnifie l'humanité entière et aussi chaque homme, comme Béthanie-la maison de Lazare-symbolise le monde entier-la maison de l'Homme. Car chaque homme a été créé en tant qu'ami de Dieu et appelé à Son amitié : la connaissance de Dieu, la Communion à Dieu, le partage de la vie avec Lui : « en Lui était la Vie, et la Vie était la Lumière des hommes » (Jn 1,4). Et cependant cet ami, que Jésus aime, qu'Il a créé dans l'amour, est détruit, annihilé par une puissance que Dieu n'a pas créée : la mort. Dans son propre monde, le fruit de son amour, sagesse et beauté, Dieu rencontre une puissance qui détruit Son œuvre et annihile Son premier dessein. Le monde n'est que lamentation et affliction, complainte et révolte. Comment est-ce possible ? Comment est-ce arrivé ? Telles sont les questions implicites de la narration lente et détaillée donnée par Jean de la progression de Jésus vers la tombe de Son ami. Et une fois sur place, Jésus pleura, dit l'Évangile. Pourquoi donc pleura-t’il si il savait qu'un instant plus tard, il ramènerait Lazare à la vie ?

Il pleure parce qu'il contemple l'état misérable du monde, créé par Dieu, et l'état misérable de l'homme, le roi de la Création… « Il sent déjà » disent les juifs pour tenter d'empêcher Jésus d'approcher du corps, et ce « il sent déjà » peut-être appliqué à toute la Création. Dieu est Vie, et Il a appelé l'homme à cette divine réalité de la vie, et lui, « il sent déjà ». À la tombe de Lazare, Jésus rencontre la Mort-la puissance du péché de la destruction, de la haine et du désespoir. Il rencontre l'ennemi de Dieu. Et nous qui le suivons, nous sommes à présent introduits dans le cœur même de cette heure de Jésus, l'heure qu'il a si souvent mentionnée. Les ténèbres de la Croix qui arrivent, sa nécessité, sa signification universelle, tout ça nous est donné dans le plus court verset de l'Évangile-« et Jésus pleura ».

Nous comprenons à présent que c'est parce qu'il pleura son ami Lazare et était bouleversé pour lui, qu'il avait la puissance de le ramener à la vie. La puissance de la Résurrection n'est pas une divine puissance par elle-même, mais c'est la puissance de l'amour, ou plutôt, l'amour comme puissance. Dieu est Amour, et c’est l'amour qui crée la vie ; c'est l'amour qui pleure à la tombe et c’est dès lors l'amour qui restaure la vie… Telle est la signification de ces divines larmes. Ce sont des larmes d'amour, et dès lors, en elle se trouve la puissance de la vie. L'Amour, qui est le fondement de la vie et sa source, est à nouveau à l'œuvre, recréant, rachetant, restaurant la vie enténébrée de l'homme : « Lazare, sors dehors ! » Et c'est pourquoi cette liturgie de Lazare est le véritable commencement des deux : la Croix, en tant que sacrifice d’amour suprême, et la résurrection commune, en tant que triomphe ultime de l'amour.

 La joie de tous, le Christ, La Vérité, La Lumière, La Vie, La Résurrection du monde, S'est révélée dans Sa bonté à ceux qui sont sur la terre. Il est devenu le modèle de la résurrection et donna à tous l’absolution divine. »

À vous tous frères et sœurs, bonne et sainte montée vers Jérusalem, vers le Golgotha, vers la résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ, à Lui soit le Règne, la Puissance et la Gloire aux siècles des siècles.

Père Jean Moise.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire