À propos de l'Avent
8 janvier 2013
En ce temps de
l'Avent nos textes sont centrés sur Saint-Jean le Baptiste, le Précurseur. Il
est celui qui a annoncé la venue du Seigneur, qui lui a ouvert la voie, tout
comme l'avait fait Isaïe le prophète. Et nous chrétiens, l'Eglise nous demande
de mettre nos pas dans les pas du Précurseur, d'annoncer sa venue et de rendre
droit ses sentiers. De même que Saint-Jean le Baptiste a mené sa mission baignée
par l'esprit d'Isaïe, de même nous avons à agir dans l'esprit du Précurseur.
Lors de ma
lecture de Saint Mathieu (11) je me suis souvenu d'un texte de notre saint
évêque Jean de Saint Denis, et bien qu'un peu long, je me permets de vous le
donner dans son intégralité :
« A la lumière de l'Évangile je parlerai de la
conversion ou pénitence, du changement de l âme de l'être humain, de l'homme
lorsqu'il s'approche du Christ. Mais je baserai mes paroles sur la réponse de
Jésus aux disciples de Jean. Que leur dit notre seigneur ?
« Allez
raconter à Jean ce que vous entendez et vous voyez : les aveugles voient, les
boiteux marchent, les lépreux sont
purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, la bonne parole est
annoncée au pauvres. »
Voilà les six étapes, les six marches de la
conversion d'une âme, mais chacune de ces marches présente aussi la possibilité
d'une chute : « heureux celui pour qui
je me serai pas une occasion de chute »,
dit le Christ.
L'expérience de notre vie nous montre que
l'approche du Christ comporte ces épreuves, et pour les gens qui nous entourent,
et pour les peuples, et pour les civilisations autant que pour notre propre
âme. Combien ne parviennent pas à traverser les étapes, se scandalisant sur la
route, trébuchant sur la première marche, les autres sur la seconde, les
troisièmes sur les marches suivantes.
Oui, six étapes jusqu'à ce que l’âme arrive
à se changer, se transformer, devenir messagère de la « Bonne Nouvelle aux pauvres », six étapes comme les six
jours de la création : car il s'agit bien, en effet, d'une re- création, d'un
renouveau, d'une « nouvelle
naissance ».
« Les
aveugles voient », c'est la première étape que l'Eglise nomme le
catéchuménat. L'humanité débute par l'écoute de l'enseignement de l'Eglise, la
lointaine perception de la lumière sur un tel mystère qui lui était caché jusque-là.
Le premier cercle est l'enseignement, l'ouverture de la vie intellectuelle, du
cœur, de l’âme, mais même cette étape n'est pas franchie immédiatement et sans
secousses. Lorsque l'apôtre Paul voit la lumière, ses yeux s'ouvrent sur Dieu,
tandis que ses yeux physiques perdent la
vue.
Ne voyons-nous pas l'aveugle sur les
paupières duquel le Christ dépose un peu de salive recouvrer la vue
progressivement ? Ainsi l’âme s’ouvre progressivement à la vision spirituelle.
Pensez-vous que trouver la lumière est déjà la conversion ? Oh non ! L'occasion
de chute n'est pas loin : car la deuxième étape approche.
« Les
boiteux marchent » : en effet, la
création nouvelle exige le dépassement de l'état d'un homme qui boite. Vous
boitez, vous hésitez, vous n'êtes ni païen, ni chrétien, vous jetez un regard
en arrière. Un Saint-Pierre hésite sur la manière d'agir envers les païens et
envers les hébreux ; il hésite à renoncer à la circoncision, et c’est saint
Paul qui est contraint de s'opposer à lui, de le pousser à dépasser
circoncision et incirconcision. Si l'intellect
a compris, le comportement dans la vie peut n'avoir pas changé. La deuxième
étape, pour certains, peut durer longtemps. Il y a une résistance à vaincre
et rien ne marche droit. Nous avons vu, nous avons été éclairés, illuminés,
mais l’être total n'a pas changé ; nous boitons et nous hésitons, nous risquons
d'abandonner la première lumière qui nous fut donnée peu à peu. La lumière
n'est pas perdue, mais abandonnée, trahie, quittée.
Enfin, la bonne volonté survient,
l’hésitation est brisée ; la première étape nous a fait « enfants de lumière », la seconde,
enfants de l'Eglise. Le Christ nous
appelle : « suivez-Moi ». Nous Le
suivons, nous marchons, nous n'hésitons plus, nous agissons conformément à l'illumination.
Alors, arrive la troisième étape : le
péché se découvre. C'est la lèpre. Nous la discernons chez les autres, dans la
communauté, elle se révèle à nous dans l'Eglise elle-même, et en nous-mêmes. À
cet instant, pouvons tomber et partir, parce que nous ne supportons pas la
lèpre de l'Eglise, du prochain et de nous-mêmes. Bien qu'engagés, il nous est
possible, cependant, d'abandonner par découragement ; il semble que la
purification soit impossible. Ceux qui persévèrent quittent alors le monde, non
pour le laisser, mais pour se retirer dans le désert et implorer la
purification.
C'est lorsque nous sommes purifiés, que nous
n'éprouvons plus le trouble de la lèpre, du péché du monde et de nous-mêmes,
que s'élève la possibilité d'entendre la parole du Verbe. La quatrième étape
de l’épreuve réside en ce qu'après avoir surmonté les trois premières, il
nous faut devenir sourd, indifférent au monde ; ne plus être dispersé, distrait
et savoir prêter l'oreille à la Parole.
La cinquième étape ? « Les morts ressuscitent ».
Permettez-moi de m'arrêter aux quatre
premières étapes qui donnent déjà matière à penser et à réflexion sur les
autres, et sur nous-mêmes. Ne nous
pressons pas de définir et de juger, considérons les épreuves et les chutes qui
se présentent à chacun de nos pas, tenant compte des conversions progressives,
soyons patients avec les autres, et attentifs sur nous-mêmes. Tout en prêchant « à temps et à contretemps », sachons
bien distinguer les étapes les unes des autres ; mais ne nous scandalisons jamais,
avançons pas à pas sur notre propre route, montons avec confiance le chemin qui
nous conduit vers le Christ « notre
Vie ».
Il a une sixième étape qui s'enfonce
dans l'invisible, nous rapprochera encore davantage du Dieu incarné à Qui la
gloire aux siècles des siècles. Amen ! »
Bon chemin
dans les pas de Saint-Jean Baptiste.
Père Jean-Moïse
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